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jeudi, septembre 12, 2013

Sourya

Sourya fut un territoire de transition, un carrefour de civilisations : la Méditerranée, la Mésopotamie, la Perse, l’Inde, l’Asie Mineure, les terres du Caucase, la Chine (via la fameuse route de la soie) et l’Égypte.

Mais j’ai comme l’impression que cette belle histoire — notre histoire — est en train de disparaître. Hier, l’Irak. Aujourd’hui, la Syrie. Et demain, viendra ton tour.

La culture arabe, la culture romano-catholique et la culture romano-orientale, toutes vieilles de trois mille ans, s’évaporent, comme ça, sous les yeux de la communauté internationale, sans qu’aucune voix ne s’élève. Ces trois ruisseaux culturels sont dans la ligne de mire — et ce, depuis longtemps !

Inutile de vous dire donc à quel point chaque enfant, chaque grand-mère, chaque grand-père, chaque mère, chaque père, chaque femme, chaque homme, chaque pierre qui tombe dans ces pays m’arrache un organe vital.

Nous sommes en train de disparaître. Et nous attendons, chacun son tour, en espérant que ce sera le voisin lointain, et non nous.

Nos ancêtres — Avicenne (al-Razi), Averroès, Al-Khwarizmi, Jâbir ibn Hayyân… et la liste est longue, très longue — doivent faire des galipettes dans leurs tombes ! Jamais ils n’auraient imaginé qu’un jour, des prix Goncourt de littérature oseraient nous traiter de « bédouins crasseux qui n’avaient rien d’autre à faire — pardonnez-moi — que d’enculer leurs chameaux. »

(J’adore votre « pardonnez-moi », Monsieur Houellebecq.)

Qu’est-ce qui a bien pu pousser cet homme — pourtant intelligent, cultivé, presque aimable — à écrire des choses aussi violentes à notre égard ?

Nos ancêtres n’auraient jamais cru qu’on en arriverait là : insignifiants, des minus, toujours obligés de soulever nos jupes pour franchir la barrière.

Au lieu de réagir, comme le dicton nous y invite — avec la main, la bouche ou le cœur — nous persistons à croire, stupidement, comme l’Occident au Moyen Âge, qu’un jour, quelqu’unquelque part, viendra... Et, miracle : nous serons sauvés.

Sommes-nous en train d’assister, passivement, à un processus de destruction massive des Arabes et de leur histoire ? Un processus peut-être involontaire, mais qui, au fond, arrange tout le monde ?

Ne vous est-il jamais arrivé de penser, même fugitivement : « Qu’est-ce qu’on serait heureux si les Arabes et les musulmans n’existaient plus ? »

Le monde arabe est né d’un schisme au sein du monde occidental. Et l’islam fut longtemps perçu comme une hérésie chrétienne. Mais heureusement, depuis, les destins de ces deux mondes sont restés liés, comme deux frères jumeaux : échangeant leurs denrées, leurs savoirs, leurs peines.

Alors maintenons cet équilibre. C’est dans l’intérêt de tous.

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