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lundi, décembre 04, 2017

ZEPi

Khadija était pionne et très extravertie. Elle parlait à haute voix, riait à haute voix et marchait aussi à haute voix. Elle parlait beaucoup sans rien dire, juste pour occuper le temps, remplir le vide. Elle n'aimait pas les blancs ni le silence d'ailleurs. Je crois que je ne l'ai jamais vue au calme, en train de lire ou de contempler quelque chose. Elle était en perpétuel mouvement.

Khadija détenait aussi une pharmacie clandestine pour arrondir ses fins de mois. Si tu avais mal quelque part, il suffisait d'aller voir Khadija, elle te trouvait le remède correspondant à ta souffrance. Quand les symptômes étaient inconnus, elle te faisait patienter jusqu'au lendemain. La pharmacie tournait bien tant que les clandestins existaient. Je la prenais pour une humanitaire au début, mais j'appris par la suite qu'elle détournait l'argent public pour sa pomme. Sacrée Khadija.

Il y avait aussi Jamel, un autre pion. Lui, il avait été recruté pour son côté kayra. Il faisait peur à tout le monde, moi compris. Il bougeait kayra, parlait kayra et se comportait en kayra. La première fois qu'on me l'a présenté, il m'a dit : "Wash ma gueule". Je me suis mis en garde contre un coup de poing ou une atteinte physique à ma gueule. J'appris plus tard que son geste n'avait rien de violent. C'était juste un salut en verlan qui voulait à peu près dire "bonjour", "enchanté" ou "ça va". Sacré Jamel.

J'ai pris connaissance de la bombe à retardement francilienne vers la fin des années quatre-vingt-dix. La banlieue regorgeait de problèmes identitaires. À Villeneuve-Saint-Georges, dans un collège dit ZEP, pour Zone d'Éducation Prioritaire, j'ai vécu des situations hallucinantes. Un jour, une prof de maths m'a demandé gentiment si je pouvais assister à un entretien avec la mère d'un gamin de treize ans, qui ne parlait pas français. J'ai accepté et nous nous sommes retrouvés tous les quatre dans une petite salle de réunion. L'entretien démarra par une présentation de la situation scolaire et comportementale de son fils, puis s'enchaînèrent les questions-réponses. C'est alors que je découvris pour la première fois un phénomène qui m'était inconnu et qui m'a profondément marqué : la mère et le fils ne parlaient pas la même langue. Ils n'avaient aucun moyen de communiquer, si ce n'est par des signes et des mimiques. Le gamin vivait avec sa mère, mais n'avait pas de langue maternelle. Comment est-ce possible ? Il n'y avait aucune logique dans tout ça. Ces mêmes gamins sont, pour la plupart aujourd'hui, dans des prisons pour trafics de stupéfiants, première étape avant de rejoindre des camps d'entraînement pour devenir des narco-djihadistes.

lundi, juillet 31, 2017

Keep workers unsecured they will be under control

Les années 60 ont été une période intense de démocratisation de la société. Les travailleurs s'organisèrent pour demander plus d'égalité plus de justice sociale et plus de liberté. 
Rappelant qu'à cette période l'économie Occidentale connut les fameuses "trente glorieuses". Tous les voyants étaient au vert. Et les organisations prolétaires étaient toujours là pour réclamer leur part du gâteau. Tout le monde était heureux et l'occident était devenu le plus grand centre de production dans le monde. 

Vers les années 70 le système commercial a été restructuré dans un but bien précis. Mettre les travailleurs du monde entier en compétition. Mais pas les hauts salaires ni bien sûr le capital qui lui peut circuler librement et partout dans le monde. Ce qui va engendrer par la suite des politiques économiques perverses. 

Le rapport sur "la politique monétaire pour le plein emploi et une croissance équilibrée" de 1978 envoyé au congrès américain  et qu'on peut trouver sur Internet, titrait  : la politique est conçue afin d'accroître l'insécurité.  Devant le congrès américain A.Greenspan expliquait son succès dans la gestion de l'économie américaine par la précarité et l'insécurité du travailleur. Plus le travail est précaire plus l'économie prospère et moins le travailleur défend ses droits. Il n'aura pas le temps, même d'y penser, tellement il serait dépendant de plein de produits et services.

Keep workers unsecured they will be under control, ce concept de  جوع كلبك يتبعك (ou affame ton chien et il te suivra), a fait baisser le temps de loisir et donc abrutir les travailleurs du monde entier. les conséquences sont désastreuses, radicalisation, désintêret de la politique, frustration, problème identitaire, stigmatisation d'une communauté, la guerre contre le mal même s'il vient juste de sortir du ventre de sa mère. Il faut les tuer, tuer leur descendance et même leur bétails et animaux domestiques. Ce discours ce n'est pas un barbu des frères mus qui le crie ou un taré des moulahs, non ce discours on l'entend sans complexe sur des chaines occidentales.